My heart was in your hand before you could even understand...[Billy]

Ça faisait quelques jours que Billy se montrait très discret dans les couloirs du lycée, ainsi que pendant les cours. Il ne parlait à personne, ne voulait voir personne, et restait sagement au fond de la classe pendant les cours. C'était comme si son corps était physiquement présent, mais que son esprit était ailleurs. Lorsque quelques potes venaient lui parler, Billy leur répondait vaguement, avant de partir. Dans ces moments-là, il était préférable de laisser Hargrove tout seul, car il pouvait péter les plombs en une fraction de seconde. Là, il se forçait à rester calme, c'était difficile, très difficile, car en voyant tous les élèves autour de lui, ça lui donnait envie de tous les massacrer jusqu'au dernier. Mais aujourd'hui, il ne fut pas au lycée, il sécha les cours.

Quelques jours auparavant, Billy avait eu l’audace de ne pas rentrer de toute la nuit et de n'avoir pas averti son père Neil. Chose qui était inadmissible pour le père Hargrove, qui aimait imposer son autorité, gare à celui qui ne l'écoutait pas. Lorsque Billy était rentré à la maison, il en avait pris plein tarif. Son père l'avait pourri, et avait porté sa main, ses poings, ainsi qu'un vase et sa ceinture sur son fils, comme il le faisait à chaque fois que Billy ne respectait pas les règles. C'était comme ça que ça se passait chez les Hargrove, depuis plusieurs années désormais. Mais ce n'était pas pour autant que Billy avait arrêté d'enfreindre les règles de son père non, puisqu'il recommençait à chaque occasion. Alors pendant quelques jours, il se rendit au lycée, le visage et ses bras comportant quelques traces d'une éventuelle bagarre. Oui, car ce qui était "pratique", comme Billy avait tendance à se bagarrer, personne ne se doutait que son père levât la main sur lui ; pour tout le monde, il s'agissait d'une bagarre, rien de plus ni moins. Seulement cette fois-ci, son comportement sage n'était pas normal. Il sentait que le vase n'allait pas tarder à déborder, il suffisait d'une chose pour que ça éclate.

Aujourd'hui, alors que les bleus de ses bras commençaient à disparaître, ainsi que les quelques ouvertures sur son visage, Billy avait osé tenir tête pour la première fois à son père, après une énième dispute. Cette fois-ci, l'adolescent se rebella - enfin c'était vite dit - en poussant violemment son père lorsqu'il lui infligea un coup de ceinture au dos. Neil tituba avant de se recevoir la table de la cuisine en plein dans les côtes, et autant dire que le reste ne fut pas très beau à voir, non, Neil ne s'avoua pas vaincu et s'acharna sur son fils une fois de plus. À l'heure d'aller en cours, Billy déposa sa demi-sœur au collège, puis il partit dans la forêt, garant son véhicule sur le bas-côté. Pendant une bonne partie de la journée, Billy resta seul, en compagnie que du silence et du vent qui s'échappait des arbres. Posé sur une souche d'arbre, il regardait en face de lui, cigarette coincée entre ses lèvres. Devant lui, le laboratoire d'Hawkins semblait dormir, vu le silence qui y régnait.

Pourquoi il était devant ce grand bâtiment désert ? Peut-être parce que c'était l'endroit où tout avait commencé, et sûrement parce qu'il lui faisait penser à la seule personne qui se souciait de lui. Kaelia était un vrai mystère pour lui, il n'arrivait pas à la situer, il ne comprenait pas ce qu'il se passait au juste. Pourquoi est-ce qu'il pensait à elle ? Non, car faut se le dire, Billy n'était jamais attaché à ses proies, une fois l'affaire conclue il disait au revoir en promettant de les rappeler, mais ce n'était que des paroles en l'air, car le jour suivant, il allait voir une autre. Ainsi de suite. Il se fichait pas mal de ses conquêtes. Hors Kaelia, c'était vraiment autre chose. Une des rares femmes à ne pas avoir accepté de coucher avec lui, à lui tenir tête et... à être là pour lui, sans se forcer, sans jouer de comédie. Pendant plusieurs heures, Billy resta planter là, devant la battisse médicale, enchaînant les cigarettes les unes après les autres, à se questionnant sur Kaelia. À chaque fois qu'il était sur le point sensible des sentiments, il préférait chercher d'autres explications.

Vers la fin de l'après-midi, Billy décida de quitter sa solitude et d'aller affronter le monde des cons. Installé dans sa voiture, il jeta un coup d’œil à son rétroviseur pour regarder son reflet. Il essuya les coulées de sang séché du revers de sa manche, puis quitta ce lieu de parfaite méditation. Billy avait vraiment besoin de se retrouver seul, sans quoi, il aurait déjà fait une connerie, quitte à être enfermé dans une prison pour mineurs ou être enfermé chez les fous. Arrivant sur le parking du collège, il récupéra sa rouquine de demi-sœur et ils rentrèrent à la maison. Autant dire que l'ambiance était glaciale entre Neil et Billy, mais aucun s'adressèrent la parole. Après le dîner, Susan proposa à Billy de l'aider à le soigner, mais il l'envoya bouler. Bon sang, il ne pouvait pas se la blairer. Comment elle réussissait à supporter Neil, hein?! C'était qu'un gros connard qui méritait de finir ses jours seul, le plus tôt possible. « J'ai reçu un appel du lycée tout à l'heure... » expliqua Neil en entrant dans la chambre de son fils. « Je peux savoir pourquoi tu as manqué les cours ? T'étais avec une traînée ? » Billy leva les yeux vers son père. « Je n'aime pas me répéter Billy » trancha Neil en éteignant la radio, puis en s'approchant de son enfant. « J'attends, une, explication » articula froidement le père. Billy se leva de son lit et se dirigea vers la porte de sa chambre. « Tu veux une explication ? Eh bien, c'est toi le fautif. C'est toi à ça a toujours été toi ! » expliqua Billy en sortant de sa chambre, son père furieux derrière lui. « Billy reviens ici ! » Mais il n'écoutait rien. L'adolescent claqua la porte d'entrée et s'engouffra dans sa voiture. Neil rappliqua très vite, se positionnant à côté de la portière de la Camaro. « Descends de cette voiture, j'ai deux mots à te dire ! » Billy adressa un joli doigt d'honneur à son vieux, avant d'allumer le moteur, et démarrant au quart de tour, manquant de peu d'écraser Neil.

Furieux, Billy accéléra dangereusement, la vitesse était bien au-dessus de la limitation dans la ville. Mais il s'en fichait éperdument, il ne contrôlait plus sa colère. Il ne savait pas où il allait et ce qu'il comptait faire, mais être le plus loin de son père actuellement était le mieux. Finalement, il alla se garer à moitié sur le trottoir, à moitié sur la route, et alla chercher quelques bouteilles d'alcool. Il ne portait qu'un jean et un tee-shirt, sa colère lui faisait avoir chaud. Lorsqu'il rejoignit sa voiture, deux mecs étaient en train de boire un coup, assis sur la Chevrolet. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres d'Hargrove, sentant la violence à plein nez. « Dégagez de là, bande de salopes » intervint Billy en posant ses bouteilles à l'arrière de la Camaro. « Qu'est-ce que tu vas nous faire Hargrove ? Nous sommes deux, t'es tout seul » expliqua David qui avait le même rire qu'une hyène. « Ouais, laisse nous ta caisse et va te payer une pute pendant ce temps » baragouina Harry qui planta une clé contre la carrosserie bleue de la Camaro, en la faisant descendre, laissant une belle rayure. Billy ne put s'empêcher de rigoler, sachant pertinemment qu'il allait se faire un malin plaisir de les tuer tous les deux. Cette fois-ci, pas question que ce soit une simple bagarre, Billy en avait tellement gros qu'il n'allait pas retenir ses coups, ni sa folie pour la violence.

S'approchant du mec qui venait de rayer sa voiture, Billy le choppa par le col de sa veste, et le fit tomber violemment contre le sol goudronné. Son pote le hyène sursauta et commença à crier. « LÂCHE LE CONNARD ! À L'AIDE ! » cria t-il. Mais il n'eut pas le temps d'en dire plus, car Billy lui asséna un coup en pleine figure, le faisant tomber en arrière. Pendant ce temps, Harry en profita pour prendre la fuite dans une ruelle non loin de là. Billy le rattrapa à temps, le frappant de toutes ces forces, comme s'il s'agissait d'un punching-ball. Une dent sortit de sa bouche et atterrit au sol. Harry essaya de se défendre, mais Billy avait beaucoup trop de poigne, de force et de colère pour lui laisser la moindre chance. Assit sur lui, Hargrove ne le ménageait pas. David arriva et tenta d’assommer Billy en lui donnant un coup de bouteille vide sur la tête. L'adolescent enragé, tituba sur le côté, David en profita pour le soulever comme il pouvait et de le frapper contre une poubelle. Harry était dans un état pitoyable en très peu de temps, et poussa un gémissement avant de sombrer dans l'inconscience, suite aux multiples coups de Billy. De son côté, Billy se releva avec difficulté vu la douleur qu'il ressentait après la violence de son père sur lui, mais il réussit tout de même à plaquer David contre le mur, frappant son poing contre la joue de ce dernier. David tomba vite à terre, mais ce n'est pas pour ça qu'il s'arrêta de le frapper. David avait beau le supplier d'arrêter, Billy continuait sans flancher.

Harry était toujours inconscient, ayant subi de trop forts coups à la tête. David lui, tenait bon, mais son état chutait de seconde en seconde, chaque fois que Billy portait la main sur lui. Il était en colère, cette dispute n'était qu'un simple prétexte pour pouvoir frapper quelqu'un, d'ailleurs, il lui manquait des personnes sur qui frapper, Billy était totalement hors de contrôle, poussé par une rage extrême. Assit sur David pour lui bloquer l'envie de se lever, il n'entendit pas les bruits de pas, vu les gémissements que poussait le jeune homme qui se faisait démonter la figure. Ce ne fut qu'une fois qu'une voix étrangement familière lui ordonna d'arrêter, que Billy se retourna légèrement, apercevant Kaelia. Non, elle ne devrait pas être là. Elle... Elle tombait au mauvais moment, Billy était occupé et surtout, il était possédé par son côté violent. « Dégage de là Lewis, dégage, casse toi ! » ordonna Billy en la poussant avec une certaine force le plus loin qu'il pouvait. Il ne souhaitait pas qu'elle le voie dans cet état second, ce n'était pas un très charmant spectacle pour elle. La colère au bord de ses yeux bleutés, Billy continua de s'acharner sur David, alors que lui commençait à perdre connaissance, tentant de s'agripper aux bras de Billy et à sa montre. Ce n'était pas pour autant qu'il baissa les bras, lui assénant encore et toujours plus de coups. C'est alors que Billy se redressa légèrement, sortit un canif avec une lame en acier recouverte de titane. Billy le déplia, posa une main contre le front de David et commença à appuyer la lame contre la gorge de celui-ci.

Malheureusement, Harry et David se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. Ils n'étaient pas méchants, Harry était lycéen et n'avait jamais d'emmerdes avec quiconque, David était un jeune paysan, cultivant des poires et des pommes avec son père et ses cousins. Là, ils avaient quelques verres en trop, d'où la provocation de Harry sur la voiture de Billy. Cette petite occasion fit déborder le vase bien trop plein du jeune Hargrove, qui voyait rouge. Il aurait pu se mettre dans une colère noire à cause de sa voiture, mais ça, limite, ça lui passait outre. Ce qu'il voulait ce soir, c'était de la violence, et l'occasion parfaite se présenta grâce à la rayure causée par Harry. Il suffisait parfois d'un rien, pour que les choses dégénèrent. Et lorsqu'on a un Billy imprévisible devant soi, valait mieux s'échapper si on le poussait au vice.

Ne laissant aucune chance aux deux jeunes, Billy les enchaîna à la suite, s'attaquant d'abord au plus jeune, sous les cris du plus âgé. Un Billy aussi déterminé par la violence était difficilement contrôlable, et son comportement imprévisible pouvait faire peur. Habitué aux bagarres, généralement un ou deux coups dans la figure et le tour était joué. Il était rare de voir Billy s'énerver autant sur une personne, ne lui donnant aucun moyen de riposter. Billy qui aimait les défis lors de ses bagarres, là, les deux amis étaient clairement des punching-ball, lui servant qu'à déverser sa profonde colère. Après s'être occupé de David, ce fut au tour d'Harry d'en prendre plein la gueule. Lui aussi se retrouva très vite à terre, malgré le courage qu'il avait eu de s'en prendre à Billy quelques secondes auparavant. Mais rien ne pouvait l'arrêter, c'était un lion qui demandait qu'à sortir et dévorer ses proies.

Les visages des deux potes étaient recouverts de sang, David dormait à point fermé, tandis que Harry passait toujours sous les violents coups de Billy. Il tenta de se débattre à maintes reprises, mais Billy était positionné sur lui, et enchaînait ses coups. La mâchoire de celui-ci se brisa sous les mains puissantes d'Hargrove, qui continua de lui asséner, ne voyant pas dans quel état il avait mis ce pauvre lycéen. Billy ne voyait plus rien, c'était comme un cheval qui portait des œillères, tout ce qu'il voulait, c'était se défouler sur Harry jusqu'à épuisement sans nul doute. Le souci, il n'était pas épuisé.

Heureusement que Kaelia était passé au bon endroit au bon moment, sans quoi, Billy aurait déjà fait un mort, et aurait achevé le second. Il ne voulait pas qu'elle le voie comme ça et il ne pouvait pas s'arrêter. Elle devait partir sur-le-champ, il avait peur de s'en prendre à elle sans pouvoir se maîtriser, et ça, il ne voulait pas que ça se passe ainsi. Sortant son canif, Billy posa la lame contre la gorge d'Harry qui était tombé dans les vapes, appuyant la pression pour commencer à l'égorger. Mais avant qu'il ait eu le temps d'ouvrir complètement la peau d'Harry, on l'attrapa par son tee-shirt en le faisant tomber en arrière. Billy planta ses iris bleu foncé sur Kaelia d'un air furax, prêt à se jeter sur Harry à la moindre occasion. Oui, il comptait tuer ce lycéen sans aucun scrupule, qu'elle le veuille ou non. Il devait faire du mal, c'était comme ça depuis toujours, et qu'en cette soirée, les choses risquaient de mal tourner.

Se mettant à quatre pattes, il se releva grimaçant de douleur suite aux coups de son père, Billy persista et se retrouva debout, gardant fermement le canif dans la main. Il ne quittait pas Kaelia des yeux, sentant son cœur battre assez vite contre sa cage thoracique. « Reste en dehors de ça et écarte toi de mon chemin » menaça Billy en baissant son regard vers Harry. Non, il n'avait pas eu son compte, puisqu'il respirait encore. Mais s'il ne pouvait pas atteindre Harry pour le moment, il lui restait David. « Ne te mêle pas de ça, je t'ai demandé de te casser ! » insista Billy en s'approchant de David, avec un sourire mauvais au coin de ses lèvres. « Le poids des morts... Humf, qui es-tu pour m'empêcher de franchir cette ligne ? » questionna Billy en regardant quelques instants la jeune femme.

Le jeune Hargrove se mit à genoux à côté du corps évanoui de David, et passa ses mains ensanglantées sur le torse de celui-ci. Il attendit son ventre bougé au rythme de sa respiration cardiaque. Ça le dérangeait. « Reste où tu es » lâcha t-il en voyant Kaelia s'approcher de lui. Observant David, Billy sentit sa profonde haine s'atténuer, comme si la présence de Kaelia avait eu un impact : elle était encore là pour lui, essayant de ne pas commettre l'irréparable... Comment c'était possible ? Elle était là seule à être toujours là au bon moment. Ça l'énervait de ne pas comprendre, ça l'agaçait encore plus. Il devait la fuir, cette femme avait une mauvaise influence sur lui, c'était plus possible. Mais si Billy écoutait un peu plus ses sentiments, il saurait. Sauf qu'il n'y prêta aucune attention, il ne voulait rien savoir.

Se relevant, Billy foutu quelques coups de pied à David dans les côtes. « J'espère que t'es contente » maugréa Billy en lançant un regard noir à la jeune Kaelia. Puis, il quitta la scène de souffrance, sans dire le moindre mot, sans se retourner, et ne comptait pas utiliser une pièce pour téléphoner aux secours. Qu'ils se d'emmerdent ! Billy sentait en lui sa colère qui ne demandait qu'à sortir. Peut-être allait-il trouver des autres pigeons sur qui frapper ? Il n'était pas si tard que ça, et il n'y avait pas cours le lendemain, donc trouver des innocents ça ne devrait pas être une chose difficile. Billy retourna calmement vers sa voiture, se frottant les mains contre son jean pour enlever le sang qui était déposé dessus. Il sortit une cigarette, les mains légèrement tremblantes, telle une boule de nerf. Et justement, ses nerfs n'allaient pas tarder à lâcher. Si quelques minutes plus tôt, ses pupilles étaient bleues foncés avec un regard d'assassin, là, il avait les yeux imbibés d'eau, par tout ce qu'il avait vécu ces derniers jours. Il ne voulait plus jamais revoir son paternel, il n'arrivait plus à le supporter. Installé sur le bord du coffre de la voiture, il plaça la lame du couteau au-dessus des veines de son poignet. Il n'était pas lui-même, car jamais il déciderait de se faire du mal, jamais, il voulait trop profiter de la vie pour commettre l'irréparable. Billy était surtout guidé par la colère qui ne demandait qu'à exploser encore et encore, toujours plus.

Putain, ça craignait. Et le pire dans tout ça, c'était que les deux bonhommes allongés au sol, n'avaient pas mérité une telle punition. Certes, un des deux l'avait cherché, mais pas au point d'avoir le visage fracassé et de mourir. Pourtant, Billy s'acharnait sur eux, avec la réelle intention de mettre fin à leur misérable petite vie. Tous ses gestes étaient contrôlés par une profonde rage que Billy avait gardée en lui un peu trop longtemps, et ça pouvait lui être destructeur. Oui, Billy était dangereux, les gens avaient tendance à sous-estimer ses capacités de violence, n'ayant pas de limite, il pouvait aller très loin jusqu'à commettre un crime. Et là, c'était bien partie.

Tombant en arrière par la force de Kaelia, Billy la fixa avec une certaine rage sur son visage. L'empêcher de continuer à déverser sa violence n'était pas forcément la meilleure des idées, puisqu'il continuait à fulminer à l'intérieur. Mais le laisser tuer une personne n'était pas non plus une solution, il risquait de finir sa longue vie en prison, avec le poids du meurtre sur la conscience. En vrai, il n'y avait pas des solutions pour calmer Billy, il se sentait obligé d'évacuer tout se trop plein d'émotions, pour éviter que ça le bouffe à l'intérieur. La présence de Kaelia influença les pensées du jeune Hargrove, qui d'abord tenta de la faire partir pour ne pas lui faire du mal. La jeune femme ne comptait pas bouger, vu l'état second dans lequel il se trouvait. Putain, ça faisait chier !!

Agenouillé contre une des deux victimes, la conscience de Billy reprit pendant quelques minutes le contrôle de la situation. Il se rendait compte de ce qu'il venait de faire, l'arrivée de Lewis était tombée au bon moment. Oui, car c'est bien elle qui s’était interposé entre Billy et sa cible, permettant à Billy de souffler un peu et de reprendre un instant ses idées claires - enfin, c'était vite dit. Lorsqu'il se releva, il donna des coups de pied à David, plus par colère envers lui-même que par colère auprès des deux pecnots. Avant de partir du lieu, il lança un rapide regard à Kaelia, puis il quitta la scène de bagarre sans rebrousser chemin, sans prendre des nouvelles des deux jeunes hommes.

Assit sur le coffre de la Chevrolet, Billy sortit une cigarette et l'alluma, pour se détendre un petit peu et faire le point sur la situation. Pour ce soir, il n'en avait pas fini, ce n'était qu'une question de temps. Jouant avec la lame de son canif, il posa ses yeux étrangement humides sur cet acier, se demandant si tout cet enfer serait terminé une fois ses veines coupées. Tentant le diable, il posa la lame sur son poignet et commença à appuyer dessus d'une main fébrile, tout en la dirigeant vers le bas. Ce n'était pas lui, Billy ne ferait jamais une chose aussi malsaine, bien sûr que non ! Mais aujourd'hui, il était poussé par sa rage, ne contrôlant plus ses faits et gestes. C'est alors que Kaelia intervint en lui prenant le canif de la main. « Rends-moi ça » demanda calmement Billy en posant son regard triste sur la jeune femme.

Souhaitant cacher ses émotions, il contourna le regard, tira un coup sur sa cigarette avant de la prendre entre ses doigts. Kaelia le sermonna correctement, puis lui attrapa le visage entre ses mains. Billy baissa d'abord le regard, essayant de faire disparaître les larmes qui menaçaient de tomber à tout instant. « Ne me fais pas de leçon Lewis, lâche moi » demanda Billy qui osa regarder la belle dans les yeux. Il lui avait ordonné de le lâcher et pourtant, il ne bougea pas, fermant même un instant les yeux quand elle lui caressa la joue. Quelque chose d’inhabituel se passa dans son cœur, il se sentit apaisé pendant l'espace d'un instant, désirant même combler l'espace qu'il y avait entre eux deux, en allant se réfugier dans ses bras. Un sentiment qu'il n'avait plus ressenti depuis de nombreuses années, et qu'il avait fait en sorte de ne plus jamais ressentir jusqu'à présent.

La tension semblait s'être apaisée, jusqu'ici, mais le comportement imprévisible d'Hargrove pouvait tout faire pencher d'une fraction de seconde. Lorsque Kaelia lui demanda s'il n'avait pas mal en quelque part, ce fut la phrase de trop. Oui, il avait mal au dos suite aux coups de ceinture de Neil ce matin, ainsi qu'à quelques petites plaies et marques au visage et au bras, toujours à cause de son père, mais Kaelia avait trop parlé. Ce n'était pas de sa faute, c'était Billy le souci. Il se rendait compte à quel point, la jeune femme prenait soin de lui que ça le mettait en rogne, car il ne voulait pas s'attacher, et il sentait que ses sentiments commençaient à s'ouvrir. Il en était hors de question ! Poussé par cette colère, Billy se leva d'un bond du coffre de la Camaro, et saisit Kaelia par le cou, en serrant un peu plus sa main. Parfois, la colère est tellement forte, qu'on pouvait faire du mal à des gens qui nous sont chers. « Je t'avais dit de foutre le camp » expliqua lentement Billy en soulevant Kaelia à quelques centimètres du sol.

Au même moment, la sirène des deux ambulances retentit au centre-ville d'Hawkins, et vint se garer proche de la Camaro. Billy lâcha violemment Kaelia au sol lorsqu'un ambulancier s'approcha d'eux, tandis que les autres médecins entraient dans la ruelle pour voir les deux inconscients. « Tout va bien ? » demanda l'ambulancier en se penchant vers la jeune femme. Fortement agacé d'avoir été interrompu, Billy redevint nerveux et son regard changea de nouveau. Il ouvrit la portière des sièges de derrière, choppa une bouteille d'alcool. Non, il ne comptait pas la boire, il comptait s'en servir pour autre chose d'un peu plus violent... la tête de l'ambulancier par exemple. « Vous avez un rapport avec l’agression des deux individus ? » demanda l'ambulancier en voyant l'état physique de Billy. Billy se contenta de lui adresser un sourire mauvais, tout en s'approchant de lui en balançant sa cigarette un peu plus loin, ne quittant pas sa cible des yeux. C'était sa cible numéro trois. « Restez ou vous êtes, je vais appeler un collègue » rassura le quadragénaire. Une fois de plus, Billy ne vit pas les choses de la même façon, il lui balança la bouteille d'alcool en pleine figure, puis lui administra un violent coup à la mâchoire, prêt à lui refaire le portrait à ce con.

Comment une simple personne, pouvait avoir autant d'impact chez une autre personne ? C'étaient à cause des sentiments, c'est ça ? Mais comment faire, si on voulait les cacher ? Depuis son enfance, Billy avait construit un bouclier, puis un mur de quelques kilomètres de large pour se protéger des sentiments, pour ne pas devenir faible. Pour lui, ressentir quelque chose pouvait s'avérer être dangereux et destructeur. Alors depuis tout ce temps, le jeune Hargrove ne ressentait que des choses futiles telles que la sérénité, et le plaisir. C'en était déjà assez, il ne souhaitait pas rentrer des sentiments en plus dans sa vie.

Pourtant, celle qui était en train de lui prendre le visage dans ses mains, commençait à se faire une place dans Billy, laissant la porte ouverte de son esprit, pour y déposer de l'affection. Qu'est-ce qu'il lui arrivait au juste ? Non, non, il ne devait pas laisser entrer Kaelia dans sa tête et dans son... cœur ? Bordel, les choses ne tournaient pas rond, c'était insensé. Si Billy était là, c'était pour une bonne raison : celle de la violence. Il fallait que la jeune femme parte, avant de se prendre la foudre sur la tête. Les sentiments que Billy ressentait en ce moment précis, le mettait en colère, lui qui ne laissait personne se frayer un chemin vers ses émotions, Kaelia avait réussi à passer le bouclier et le mur... Il n'avait pas réussi à la stopper, non, ça ne devait pas se passer comme ça. Billy devait rester le badboy d'Hawkins, celui qui changeait de femmes comme une paire de chaussettes. Il ne pouvait pas s'amouracher de quelqu'un, non, il ne pouvait pas.

Cette légère proximité entre les deux adolescents n'arrangeait en rien l'état de Billy, qui se forçait à ne pas péter un plomb par pure colère contre lui. Il écouta d'une oreille les propos de la jeune femme, qui essaya de lui expliquer quelque chose. Une chose qui était visiblement compliquée à annoncer. C'est avec la sensation d'avoir la gorgée nouée, que le jeune Hargrove écouta attentivement la belle brune, en la regardant fixement dans les yeux. Il éprouva au moment même, une certaine difficulté à respirer, comme si un énorme poids invisible venait l'écraser sur tout le corps. « Je... Je crois que... » tenta d'expliquer Billy qui voulait lui dire ce qu'il ressentait également. Mais il n'y arrivait pas, ce n'était pas lui, ça ne lui ressemblait pas. Expliquer ses sentiments, c'était comme demander à un poisson d'eau douce de faire cuire un poisson-pané dans une poêle. Une foutue larme s'échappa d'un œil, il leva les yeux au ciel en clignant quelques fois les paupières dans l'espoir que Kaelia n'ait rien vu, bordel, la situation était compliquée.

Reniflant un bon coup, Billy acquiesça lorsque Kaelia lui demanda de ne plus jamais recommencer. « Oui, ok » affirma Billy qui au fond de lui, n'avait jamais voulu en finir avec ses jours. Même si des personnes négatives pourrissaient la vie de Billy, ce n'était pas pour autant qu'il souhaitait mourir, il était contre ce genre de pratique d'ailleurs. Son sens du danger était poussé par son caractère extrême, voulant toujours aller au plus loin de l'abîme, mais jamais il ne voulait mettre fin à ses jours. Billy voulait profiter de la vie au maximum qu'il le pouvait.

Le mauvais Billy refit surface, ne supportant pas toutes ces nouvelles émotions, ça le mettait dans une colère noire. Sans pouvoir contrôler ses gestes, il attrapa son interlocutrice par la gorge, réussissant à la soulever - les nombreuses séances de musculation portaient leurs fruits - de quelques centimètres, serrant un peu plus son emprise à chaque seconde qui passait. La rage se lisait dans ses yeux, Billy regardait sa proie se laisser faire avec un certain plaisir malsain lorsqu'elle tenta de lui faire lâcher prise. Hum non, c'était peine perdue pour la jolie brune. Mais elle eut de la chance, car l'arrivée d'un ambulancier venait de compromettre les plans de Billy. Ce n'était pas un homme qui allait l'arrêter, personne ne le pouvait. Après avoir fracassé une bouteille d'alcool sur le front de l'ambulancier, Billy l'attaqua en le frappant de ses poings fermés.

Oh non, il ne comptait pas s'arrêter ! Il avait la cible parfaite là. Mais Kaelia ne l'entendait pas de cette oreille, et se jeta sur lui pour le pousser. Automatiquement, le jeune Hargrove tomba une deuxième fois sur le sol, regardant sa cible partir de l'autre côté de la rue, en direction de ses collègues. Ça lui faisait clairement chier. Billy regarda Kaelia se préparer pour qu'il puisse se défouler sur elle. C'était vraiment ce qu'elle voulait ? Laissant échapper un rire mauvais, Billy ne put s'empêcher de se moquer. « T'es sérieuse ? » Kaelia se préparait à le recevoir, oui, elle était très sérieuse. Le jeune homme se releva du sol en titubant légèrement comme s'il était bourré, puis se redressa pour regarder Kaelia. Eh bien, puisqu'elle le demandait si gentiment, la séance des coups était ouverte !

Billy s'approcha lentement de Kaelia, tout en la fixant droit dans les yeux. Prêt à lui foutre une sacrée raclée, il ferma fortement ses poings rougis. Désormais, il se trouvait qu'à quelques centimètres d'elle, la distance était bien trop proche pour lui foutre un coup dans le visage. Si son attitude avait tout qui pouvait laisser croire que Billy allait se bagarrer avec Kaelia, c'était l’apocalypse dans sa tête. Au plus, il perçait le regard déterminé de Kaelia, au plus il se sentait mal. Elle lui avait proposé de se défouler sur elle, alors pourquoi ne pas commencer, hein ? Billy n'y arrivait pas, comme si son inconscience le lui interdisait. Il fronça les sourcils, putain, c'était quoi encore le problème là ? Il avait l'opportunité de se battre avec une volontaire, allez hop hop, on s'active !

Fichus sentiments à la con ! Il lui était tout bonnement impossible de lever la main sur elle. Billy sentit une boule se nouer dans sa gorge, il ne pouvait pas la frapper, il ne voulait pas lui faire du mal. Son regard mauvais changea, laissant place à de l'inquiétude. Il s'approcha un peu plus d'elle, lui attrapa fermement le menton et scella ses lèvres avec les siennes, dans un baiser passionné, faisant remonter sa main jusqu'à sa nuque. Bien que ce moment fut court, ce fut intense. L'affection qu'avait Billy se confirma, est-ce qu'il avait le choix ? Ne pouvait-il pas en faire abstraction ? Il... Il ne savait pas comment réagir, comment faire, et que dire. Il avait un trop-plein d'émotions en lui, c'était un vrai ouragan.

Détachant ses lèvres de celles de la jeune femme, Billy la regarda dans les yeux. « Je ne peux pas lever la main sur toi, ça m'est impossible » avoua doucement Billy, les yeux embrumés d'émotions, en caressant les lèvres de Kaelia de son index. « Je veux que cette boule disparaisse » expliqua Billy en posant une main à l'endroit que Kaelia avait indiqué, entre son ventre et son cœur. Un peu de douceur dans ce monde de brute... Billy s'éloigna de Kaelia, déversant le reste de colère qu'il lui restait sur... La Camaro. Oui, vous avez bien entendu. « Fait chier ! » lança t-il tout seul en donnant quelques coups de pied contre le pare-chocs arrière de la Chevrolet. « Fait chier bordel !! » Cette fois-ci, ce fut le pneu qui eut droit à quelques coups, puis il frappa d'un poing le coffre. « Putain ! » Pour la première fois, il s'en prenait sa voiture... Au moins, il pourra qu'affirmer que c'est uniquement lui le coupable. Pour qu'il s'en prenne à sa Camaro, il en fallait de la colère. La carrosserie comportait quelques bosses enfoncées à l'intérieur, Billy donna un ultime coup à la vitre qui se brisa sous l'impact. Au bout du rouleau, Billy se laissa tomber contre sa voiture, ramena ses genoux contre son torse en faisant tourner son beau briquet argenté dans sa main. Seul le bruit que faisaient les ambulanciers à plusieurs mètres d'eux, brisait le silence.

Des senti quoi ? Sentiments ? Billy ne connaissait pas cette émotion, et ne souhaitait pas la connaître. Enfin, c'est ce qu'il se disait. Mais oui, une fois, il avait eu des sentiments très forts, pour une seule personne : celle qui lui avait donné la vie. Et lorsqu'elle était parti du jour au lendemain, sans laisser le moindre mot, la moindre trace, ça avait été une vraie déchirure pour l'enfant qu'était Billy. Il avait eu beaucoup de mal à s'en remettre - et est-ce que d'ailleurs, il s'en était remis ? Ce n'était pas certain - il avait tellement de questions qui restaient sans réponse, et puis cette sensation de déchirure au fond de lui, plus jamais il ne voulait ressentir ça. Plus jamais, il souhaitait s'attacher à quelqu'un. Depuis donc une dizaine d'années, Billy avait réussi cette mission sans trop de difficulté vu son caractère et sa manière sélective envers les personnes. Mais il lui avait suffi d'un seul instant d'égarement, une seule personne, pour venir piétiner ce qu'il gardait à la vue de tous, depuis tout ce temps. Kaelia avait réussi à s'immiscer lentement, mais sûrement en lui, faisant ressortir les sentiments qui étaient cachés depuis des années au fond du gouffre.

Les événements de cette soirée avaient tout fait remonter, faisant réaliser à Billy qu'il tenait à la jeune femme, bien plus qu'il le voulait. Ce n'était pas par hasard qu'il s'était montré doux et délicat, l'autre jour en lui soignant la cuisse et la cheville. Ni même lorsqu'il lui avait révélé l'identité de Kenan, voyant bien dans quel état ça avait chamboulé la demoiselle. Ou alors la nuit où les bestioles les avaient attaqués, et que Billy avait voulu soigner Kaelia avant qu'elle ait terminé avec lui, voulant prendre soin d'elle, malgré qu'il n'ait plus aucun souvenir. Tout ça était la preuve d'une affection particulière. Billy devait l'accepter, car les renier n'allait faire qu'empirer la situation en lui.

Pourtant, il tenta de résister en s'en prenant à l'ambulancier, qui était venu secourir Kaelia. Il ne voulait pas être en accord avec sa conscience, qu'elle aille se faire foutre ! Il ne pouvait ressentir une quelconque émotion pour une femme, et le fait d'avoir été faible pendant quelques instants devant elle, n'arrangeait pas sa fierté masculine. L'infirmier qui tentait de calmer les choses ne se doutait pas que la situation pouvait basculer d'une seconde à l'autre. Billy ne tarda pas à le brutaliser sauvagement, après avoir tenté d'étrangler Kaelia. Oh, il n'avait pas voulu en arriver jusque-là, s'en prendre à Kaelia était une chose inadmissible pour lui, il s'en voulait terriblement. L'ambulancier en prit pour son grade, tâchant son uniforme de quelques gouttes de sang. Une fois de plus, la jeune Lewis intervint pour éviter le pire, et laisser partir le quadragénaire.

Kaelia voulait vraiment se battre avec lui ? Ça le faisait rigoler, lui qui aimait les défis et lorsque les choses se compliquaient, là, ça risquait d'être intéressant. Il ne connaissait pas toutes les capacités de la jeune femme, mais il ne se doutait pas qu'elle pouvait le surprendre à sa manière. « Eh bien... Surprends-moi » ajouta Billy, impatient de voir ce que sa concurrente avait comme ressource. « Je ne retiens jamais mes coups » expliqua t-il en s'approchant vers elle. Que ce soit un homme, une femme, ou un enfant, Billy ne retenait jamais ses coups. Il n'avait clairement pas honte de s'en prendre à des femmes ou même des enfants, c'étaient des humains après tout. Bien que c'était rare, Kaelia ne serait pas la première femme à qui il porterait des coups, Billy n'en était pas à sa première bagarre féminine. Mais c'était la première fois que ses sentiments faisaient abstraction avec son côté impulsif. Il se tenait devant elle, prêt à lui envoyer une droite et pourtant, il ne bougea pas pendant plusieurs secondes, essayant de faire un peu de calme dans sa tête. Sauf que c'était le tumulte, au plus, il regardait la jeune femme dans les yeux, au plus ses poings se desserraient. La sensibilité qu'il portait vers Kaelia fut bien trop grande pour qu'il puisse lever la main sur elle, alors au lieu de lui coller une droite pour ouvrir le combat, il se retrouva en train de l'embrasser. Le temps de leur baiser, ce fut intense pour le jeune homme, les sentiments qu'il avait se confirmaient bel et bien. Il ne savait pas où est-ce que ça allait l'emmener, mais il baissa les bras cette fois-ci.

Pour répandre le reste de colère, il préféra s'en prendre à sa voiture. Elle était la meilleure cible : la Camaro n'était pas humaine donc elle ne vivait pas, et ne ressentait pas la douleur. Ce n'était qu'une grosse carrosserie avec un puissant moteur à l'intérieur. Bon, ça allait lui prendre quelques jours à la réparer, comme il le faisait à chaque fois qu'elle avait un problème, ou qu'il voulait booster les chevaux sous le capot, mais peu lui importait, il ne pouvait pas s'en prendre à Kaelia. Billy leva le visage lorsqu'elle s'agenouilla devant lui, jetant un rapide coup d’œil à sa main, venue saisir la sienne qui tenait son briquet. Lorsqu'elle se rapprocha de lui, le cœur déjà bien emballé d'Hargrove continua de battre à un rythme effréné, sentant une vague de chaleur en lui. Cette fois-ci, ce fut Kaelia qui scella leur lèvre, Billy soutenu ce baiser passionné, profitant des lèvres pulpeuses et douces de la belle. À la fin de ce baiser, leur front se touchèrent, Kaelia enroula ses bras autour de son cou. Billy se laissa guider contre elle, serrant un peu plus son emprise lorsqu'elle lui confia être là pour lui. Kaelia ne pouvait pas s'imaginer à quel point cette petite phrase eut un effet apaisant sur les maux de Billy. Entendre et ressentir une personne sincère lui dire qu'elle était là pour lui, ça n'avait pas de prix, et ça faisait bien trop longtemps qu'il n'y avait pas eu quelqu'un pour le lui dire.

Ça apportait tellement de chaleur et de réconfort de se retrouver dans les bras de quelqu'un, Billy n'avait jamais pris quelqu'un dans les bras, au contraire, il avait tendance à repousser les gens. Même avec les femmes, c'était la même chose : il faisait son petit numéro de charmeur et ensuite, il les virait pour passer à la suivante, c'était extrêmement sélectif, mais au moins, il n'avait pas de sentiment. Là, avec Kaelia, tout était différent. Ça pouvait être assez déroutant au début, les deux jeunes adolescents n'étaient pas vraiment habitué à ce genre d'émotions. Pourtant, ils étaient allés l'un vers l'autre.

Quand Kaelia lui demanda ce qu'il s'était passé, Billy resta silencieux un petit moment, restant dans les bras de la jeune femme. Certes, il n'était pas obligé d'en parler, et c'est ce qu'il faisait à chaque fois qu'on lui posait ce genre de question. Il détestait s'ouvrir et ne le faisait jamais, préférant garder ses problèmes personnels pour lui seul... Mais cette soirée, c'était différent, il se sentait près à expliquer le pourquoi du comment à Kaelia, et c'était à marqué dans le calendrier, car Billy accordait que rarement sa confiance. « J'ai... J'ai eu une dispute avec mon père » commença t-il par dire, se logeant toujours contre la jeune Lewis. « Ça peut paraître banal aux premiers abords, mais ça ne l'est pas. Mon père n'est pas comme tous les autres parents. La vie à la maison doit être dirigée comme il le souhaite. Il impose ses règles, et il ne faut pas désobéir » dit-il, la gorge serrée. « Eh, tu m'as vu, je n'écoute jamais rien » ajouta t-il avec une légère pointe d'humour. Billy se redressa pour faire face à Kaelia. Baissant les yeux, Billy montra d'un doigt les marques qu'il avait aux bras, ainsi qu'au visage, il souleva son tee-shirt pour lui en montrer sur les côtes. « Et j'en ai au dos » lui expliqua t-il en posant son briquet au sol. « Lorsqu'on me voit, les gens pensent que je me suis bagarré, et c'est très bien comme ça. Mais je ne me bagarre pas autant Kaelia » dit-il en regardant la jeune femme, en marquant une petite pause. Ça lui faisait bizarre d'expliquer à quelqu'un ce qu'il se passait réellement à la maison. « Et ce matin j'ai tenu tête à mon père. Il ne l'a pas accepté et voilà le résultat » dit-il en regardant un instant, un bleu sur son avant-bras. « Lorsque j’atteins ma limite, je ne me contrôle plus » expliqua Billy en baissant le regard. Il est vrai que lorsque Billy avait atteint la limite du peu de patience qu'il avait, ça pouvait exploser à tout moment. Mais le pire c'était lorsque sa capacité, à recevoir les coups de son père était au maximum, là mieux valait ne pas se trouver sur son chemin.